Une concomittance d'évènements, un bouillonnement de sensations, une frénésie d'écriture pour en laisser une trace. Et plusieurs années passent. Dans une démarche archéologique, les notes et photos sont collectées, agglomérées, et exposées, sans correction, sans jugement.

Un vendredi treize trop loin de Paris





22:56
kékécé ces hitoires de tirs ??
et des grenades ?
cest chaud
des morts en plein paris et ben


 Mon frère est encore en train d'écrire. On part très souvent dans des délires bizarres, mais là je ne vois pas trop d'où ça sort. À quoi fait-il référence ?

Gnéé??
mate sur gougeule actu


 J'ouvre mes différentes appli' de news en parallèle. Je reviens sur la discussion pendant les chargements.

Je regarde...

 L'ambiance de la soirée était un peu retombée, ce devait être la première fois où je n'avais pas un Gin Tonic dans les mains, où je n'étais pas impliqué dans une conversation. Assis sur le canapé j'avais repris machinalement mon téléphone en main pour lire mes messages en attente. Les différentes infos s'actualisent enfin, et je me retrouve dans la confusion. Rien de vraiment précis. Des titres et des commentaires dans toutes les directions. Une chose est irréfutable : un événement s'est produit – est en train de se produire –, depuis plusieurs dizaines de minutes déjà. Instantanément les jambes deviennent coton et des picotements surgissent dans la nuque. J'en comprends vite l'importance, mais je ne perçois pas encore l'ampleur du truc. Les quelques livestreams que je tente de mettre à jour sont saturés.

Euh... Pour l'instant je suis en soiree donc pas trop possible de suivre
De toute facon sur les live ca raconte tout et nimp
Donc autant attendre demain

 Et je relève les yeux. Autour de moi des collègues, leur compagne ou compagnon, des nouvelles têtes, des connaissances de passage invitées à partager un moment. Un début de week-end qui apparait comme tant d'autres. Une tête dépasse, un grand cubain, collègue expatrié qui rentre bientôt sur son île natale. Ce devait être sa soirée. C'était avant d'apprendre pour l'évènement, dont je pressens l'impact dès qu'il sera connu par les invités. Dois-je être le porteur de mauvaises nouvelles ? Et finalement en quoi ces informations les intéresseraient ? Il y a tellement de nationalités différentes. Et si peu de locaux. Je repère quand même un collègue catalan – ce doit être l'unique exception – venu avec sa femme, les enfants laissés à la maison. Qui pourrait être directement impacté ? Ils n'ont pas de lien avec la France. Connaissent-ils seulement des personnes habitant sur Paris ? La question reste pertinente même pour les français présents, ils sont une faible majorité ici. Personne n'est originaire de Paris. Si, la copine de notre hôte y travaille, ou y travaillait, je crois. Rien a priori pour les autres, mais ce n'est pas sûr. J'oublie peut-être quelqu'un, quelque chose, un membre de la famille, un ami rapidement évoqué. Je ne les connais pas si bien finalement ces collègues. Mes relations ici sur Barcelone sont-elles si superficielles ?
  Cette futilité était devenue mon quotidien d'expatrié depuis maintenant un peu plus d'un an. Ainsi aujourd'hui j'avais participé à un festival de nourriture du monde. J'avais échangé quelques phrases avec une jolie italienne aux cheveux roux, puis profité du soleil, sur la plage, puis une rapide baignage – à la mi-Novembre putain ! –. Et je me suis retrouvé dans cet appartement. À passer d'une personne à l'autre, d'une discussion à l'autre, d'une langue à l'autre. Entre une langue maternelle – si rarement –, une langue locale – au vocabulaire spécialisé pour le boulot, les courses et la fête, les seules situations rencontrées au final –, et une langue commune, impersonnelle, minimaliste, ne produisant que des expressions toutes faites, des idées simplifiées. Un échange réduit au plus petit dénominateur commun.



  Puis il y a eu cette autre fille. Et une multitude de sujets éthérés sont apparus dans la conversation. Nous avons évoqué la chartreuse, les dents de lait, le choux fleur, la divination au plomb fondu, les chenilles figées sur la crète des collines à l'horizon. Un certain vertige était né, un intérêt croissant pour percer le mystère de son monde imaginaire. J'ai observé son sourire, son expressivité. J'étais en face d'une énigme sur laquelle je souhaitais me concentrer. Alors naissait la furtive sensation que cette soirée pourrait rester dans ma mémoire. Jamais je n'aurais imaginer que ce serait à cause de l'évènement en cours. Je résiste à l'envie de reprendre mon téléphone et je la cherche du regard dans l'appartement. Autour de moi des discussions mélées, des éclats de rire, des sons de verres qui se touchent. Mais ma connaissance de l'évènement m'isole de cette foule...
  Enfin je la repère. Elle danse lentement. Elle est à plusieurs mètres de moi. Elle emplit tout mon champ de conscience. Je m'approche, croise son regard. Il m'apparait noir par manque de lumière. Pourtant intense, brulant. Et moi désarmé. Je réponds par un sourire. Et le temps d'une microseconde : j'ai envie de connaître sa vie, de connaître son corps, de me coller contre elle et sentir son souffle, sa présence, son âme, de la prendre par la main et l'écouter parler jusqu'à l'aube. Mais le néant me rappelle et il me capte. Je murmure un prétexte, autant pour moi que pour elle. Et je retourne dans l'horreur derrière l'écran. Il m'est impossible d'agir comme si de rien n'était. Est-ce une réaction de peur, un manque de confiance menant à une auto-destruction ? Le fait est que je retourne, isolé, aux fils de news sur mon téléphone. Les sites officiels donnent toujours plus d'informations, reviennent sur certaines. Les réseaux sociaux partent sur des théories confuses. Il y a les rumeurs, les multiples sources plus ou moins précises. Mon frère :

et beh stade de france, 10eme, 11eme, et ptet les halles
bataclan , des terrasses de bar
moi qui voulait mettre un film ptet ce soir pas besoin 24 en vrai

  Ma réponse attendra... Les lieux évoqués se matérialisent dans mon esprit. J'ai vécu près de huit ans là-bas. Je ne fréquentais pas spécialement ces lieux. Pour certains je n'y ai sans-doute même jamais mis les pieds. Mais des images s'imposent à moi. Une reconstruction mentale, un style typique devenu familier. Des immeubles haussmaniens, des poubelles transparentes au support vert, des pavés, de larges barrières grises indiquant des travaux, une odeur de pollution, un brouhaha ininterrompu, des lumières jaunes qui progressivement s'illuminent, bavent et réchauffent l'atmosphère épaisse des terrasses, un passage impromptu de vélos, des bus au rythme saccadé, arrêt puis accélération. Un cliché peint comme toile de fond.



Et je me remémore mon parcours lors de ma dernière soirée sur Paris, il y a maintenant de nombreux mois. Je laisse les potes sur les Champs, je descends, le flux des voitures reste continu malgré l'heure avancée de la nuit. Je suis la Seine, je pisse depuis un pont, fantasme enfin assouvi. Je remonte les rues pavées du Cinquième, croise les bars et les parcs, tous fermés à cette heure, dans lesquels j'ai passé tant de moment de vie.



Je n'étais pas du genre à sortir souvent, plutôt à rester isolé entre quatre murs. Ou à arpenter seul ces rues, un anonyme parmi tant d'autres. Si ces lieux ne me sont pas naturellement synonymes de chaleureux, si ils ne me sont même pas connus directement, pourquoi cette sensation de perte ? Je n'ai pas non plus le sentiment que cela aurait pu m'arriver, si je vivais toujours là-bas. Ou que des personnes que je connais soient sur les lieux. Je n'ai même pas pensé à cette éventualité, à essayer de prendre des nouvelles, à envoyer des messages. Ils en sont sans doute déjà submergés. Pourquoi ajouter au chaos ? L'éventuelle triste nouvelle viendra inéluctablement. Et la probabilité est infime. Vraiment ? On connait tous quelqu'un ayant gratté un jour le ticket gagnant. Et faut-il être un optimiste pour penser qu'il y a plus de chances de faire un six au dé que de perdre à la roulette russe ? Je blamerais donc l'éloignement comme origine de l'impact si fort que semble me laisser l'évènement. L'incapacité d'agir, même si je ne ferais pas plus sur place. Et surtout le retour frontal d'un quotidien que j'avais délaissé. Pourtant, comme j'aimais critiquer mon temps passé là-bas sur les dernières années, comme j'aime encore en dire du mal. Sans doute parce que les bons cotés sont implicites. L'expatriation aurait dû apporter un recul. Aider à relativiser, rendre plus mature et moins impliqué. Pourtant à l'instant les sentiments sont décuplés...

00:37
did you read the news?
Crazy
French guys, stay strong.
Awful news...

  Qu'est ce que j'ai fait pendant cette heure et demie ? Je suis resté rivé à l'écran de mon téléphone ? Je me suis sans doute socialisé, en mode automatique, l'esprit déconnecté de l'instant, perdu dans des sombres engrenages intérieurs. Le message provient d'un collègue qui n'est pas présent ce soir, posté sur un fil de discussion commun. Tout le monde ici l'a reçu. Progressivement tout le monde ici l'aura lu. Il reste assez vague et nécessitera une explication. Dois-je être le porteur de mauvaises nouvelles ? Très vite la question est lancée à haute voix. Je me mords les lèvres puis prend timidement la parole. Le discours est confus, tente de garder des nuances, insiste sur les incertitudes, alterne entre différentes langues, il se contortionne pour répondre aux interrogations de certains. D'autres écoutent impassibles, ou mortifiés, je ne saurais dire, je préfère regarder dans le vague. D'autres laissent le flôt de parole s'écouler tandis qu'ils se plongent par eux-même dans les réseaux. D'autres restent à distance, n'ont pas réagit et gardent la tête hors de tout ça, encore un instant. Tout à coup, cette fille traverse mon champ de vision. Instinctivement l'image me fait sortir de ma torpeur. Mais elle ne s'arrête pas, ma main ne peut qu'approcher son épaule. Aucun contact.
  Délaissant mon discours, je me dirige dans sa direction, sur la terrasse. Je ne prête pas attention au vent froid. Le bruit de la musique et des conversations s'étouffe rapidement. Je reste focalisé sur elle, immobile au niveau de rambarde, isolée dans l'obscurité. Elle tourne légèrement la tête et je croise son regard. Ces yeux qui auparavant semblait vouloir me croquer, ils sont dorénavant perdus, vides d'émotion. Les lèvres sont tremblantes, les paumettes légèrement rougies. Un battement de cils et son regard ressort humide. Je me prépare à balbutier des questions, des réponses, à improviser un discours pertinent. Je m'approche encore, j'ai perdu son regard. Elle se retourne complètement, me fait face et se blottit contre moi. Elle ne bouge pas, ou légèrement pour resserrer son étreinte. Elle semble sangloter par moment. Je suis dans l'incapacité de prendre une initiative, paralysé par un manque de connaissance. Pourtant une seule envie est omnisprésente, celle de la réconforter. Mais je ne sais rien d'elle, rien qui expliquerait cette réaction. De la famille, des amis, un copain... La simple impossibilité d'établir une communication avec quelqu'un sur place ? Ou une annonce tragique ? Des minutes semblent s'écouler tandis que mon esprit tourbillonne sans obtenir de solution à une question qui ne m'est peut-être pas posée. S'agit-il d'une relation mort-née du fait des circonstances ? Il ne reste que deux corps immobiles luttant ensemble contre le froid extérieur et une torture interne.



  Devant mes yeux se déploit la ville, ses lumières nocturnes, ses reliefs, ses mouvements. Tous insensibles à notre émoi. J'essaie de trouver des lieux, des points de repère spatiaux et temporels. Un corefoc dans le Gotico, une large vue du port industriel, les éclats et feux de la Saint Jean, les fontaines magiques me prenant par surprise, simplement une marche le long de la plage, retirer sa veste au soleil de midi un premier Janvier. Et je perçois de nouveau, ou m'imagine, les chenilles sur les crêtes des collines alentour, que nous avions si simplement identifier ensemble aux dernières lueurs du soleil il y quelques heures. Avant l'évènement et ses conséquences. Un autre temps, un autre monde. Maintenant tout est sombre... Ces mémoires sont éclatées, sans unité, sans lien charnel. Futiles. Le destin d'un expatrié est de rentrer chez lui. Cela nous arrivera à tous ici, tôt ou tard. Cette envie qui ne nous quitte pas est un symptôme de cette vie éphémère, incertaine et précaire qui ne convient finalement à personne. Pas à moi en tout cas. Une amère illusion. Seule persiste ce soir la sensation d'être étranger dans ces terres, abandonné à moi-même sans personne pour me comprendre. Pour seulement m'écouter, et juste valider l'existence de mes sentiments. Je comprends enfin que je joue ce rôle pour elle. Alors je contrôle ma respiration, je me vide de mes émotions pour personnifier ce feu de camp, seul repère dans les ténêbres. Je ne suis ainsi qu'une chaleur humaine pour elle. Elle relâche son étreinte. Nos regards se croisent une nouvelle fois, plus longuement, et communiquent. Les yeux sont marron, les reflets sont dorés. Et surtout de la vie est encore là. Je suis prêt à écouter l'histoire que ces yeux veulent me raconter. Mais elle s'éloigne, elle rentre à l'intérieur, sans un mot. Nos mains s'effleurent, cette fois-ci la pointe de mes doigts frôlent sa paume.
  Comment reprendre la soirée ? Comment m'insérer dans ce décor qui a totalement changé ? Je le découvre, rentrant dans l'appartement. La musique continue sans qu'aucun n'y prête attention. Des groupes séparés. Des discussions dans lesquelles je n'arrive pas vraiment à m'investir. En tout cas au départ. Car l'intérêt émerge quand je comprends qu'il ne s'agit là pas que de simples banalités. Pas une simple reprise des lectures, des premières analyses toutes faites. On distingue déjà une tentative de vision globale, de planter des nuances et ne pas se tenter à des conclusions. L'un évoque une réplique militaire directe, en se mordant la langue jusqu'au sang comme pour se punir d'opter pour la moins pire des solutions. L'autre la fin unilatérale de l'ingérence, avec un frisson dans la nuque devant l'inconnu, à rester sans défense, à se replier sur soi économiquement et diplomatiquement. Les solutions sont antagonistes, jamais parfaites, jamais évidentes. On ressent l'impasse, le malaise. Puis la discussion bifurque sur des anecdotes de vie, puis des conseils de lecture ou de visionnage, de récits politiques, de romans d'anticipation, de reportages en immersion. Et je me nourris de l'image que me présente ces relations, pas toutes considérées comme proches, mais qui enfin témoignent d'un parcours de vie singulier. L'événement a retiré son voile à la futilité.



  Maintenant les images arrivent, les vidéos. Sont-elles nécessaires ? Les média nationaux semblent rétissents, les locaux plus enclins. J'apprends que la législation est différente. Les corps sont visibles sur les images, elles sont reprises et partagées. Et je les vois. Sont-elles nécessaires ? Pour admettre la réalité des choses, par faiblesse et voyeurisme ? Je sais déjà que demain je resterai seul, à reprendre l'ensemble de ces informations, à les voir et revoir, lire et relire, écouter et réécouter, à les remettre en ordre pour reconstruire l'événement. Je sais déjà que demain j'essayerai de comprendre, d'analyser les points de vue, d'esquisser mon propre avis, comme je l'ai toujours fait au lendemain de faits similaires. Ou peut-être que demain je sortirai de cette impasse comportementale. Je serai sur une terrasse avec certaines des personnes ici présentes, ou d'autres, à parler de cela, ou d'autres choses.
  Le temps passe et la soirée tend à ressembler de plus en plus à une soirée banale. Une première vague de départ, le couple avec enfants. Puis les personnes vivant dans un quartier éloigné. Le grand cubain est toujours là, il semble apprécier ce qui devait être sa soirée. Un autre est malade, la tête dans un seau près des toilettes. Des nausées dues à un abus d'alcool ou d'autres substances, évidemment. Il serait puéril de présenter ça comme une matérialisation du dégout provoqué par l'événement. Voilà que l'humour, le recul, le cynisme refait surface. Un léger espoir, et je repense à elle. Mais je n'arrive pas à la voir dans la salle. Elle m'a semblé être en pleine partie de cache-cache depuis notre étreinte. Ou peut-être n'étais-je pas attentif à ses appels. Je ne me rappelle que de quelques mots échangés dans une discussion de groupe, aucune interaction personnelle, aucun désir d'intimité. La musique augmente de volume, la danse fait son retour, les groupes de personnes discutent de boulot, de ragots, de plans pour demain. Une inconstance maladive ou une revendication plus ou moins consciente à ne pas changer de mode de vie ? Rien n'a donc de prise sur nos habitudes. Une insensibilité qu'il faudrait combattre ou une réaction salutaire ? Le retour à la normale sera inévitable dans les jours prochains, alors pourquoi ne pas le valider dès maintenant ? Un événement parmi tant d'autres qui après la balafre initiale, ne laisse qu'une légère cicatrice dans notre histoire.



  Avec le calme se fait enfin sentir la fatigue émotionnelle et physique. Mon regard reste dans le vide, les basses de la rythmique me poussent dans une transe. La mélodie est noyée, les visages et les corps deviennent flous. Je me joins au mouvement chaotique global. Intérieurement, je tente de me recentrer spatialement et temporellement, en cet instant, en ce lieu, et de me détacher de demain, des ces souvenirs, de tous ces lieux extérieurs, de l'évènement et de ses conséquences. Elle est proche de moi, vient à mon contact, place sa tête sur mon épaule, les yeux fermés. Je la rapproche encore, une main sur ses hanches. Le rythme de son souffle dans mon cou ralentit. Les battements dans mon thorax s'accélèrent. Mon esprit reste empétré dans des engrenages sombres. Je voudrais répondre à sa sollicitation. Je voudrais l'insérer dans l'équation, l'intégrer dans le labyrinthe de ma construction mentale, pour m'apaiser et l'apaiser. Désir paradoxal car elle me semble déjà être calme en cet instant. Est-ce que j'ai ce pouvoir de cristalliser ses tourments intérieurs, d'évaporer ses doutes et ses réflexions contingentes ? Ai-je réussi à le faire sur la terrasse auparavant ? Dois-je reproduire le miracle ? Me le demande-t-elle tout simplement ? Je n'ai aucun accès à elle. Et je sens maintenant qu'elle sombre, se referme, se délite. Ou ce n'est que moi qui suis pris dans ce tourbillon ? Et peut-être je ne fais que l'entrainer ? Je n'ai de prise sur rien.
  Enfin nos mains sortent de leur torpeur. Elles ne font pas que s'effleurer. Ses doigts se tendent et s'écartent. Les miens suivent le mouvement, et naturellement s'intercalent. Les miens plus épais, les siens plus chauds. Tous se referment pour ne former qu'un. Une pression légère d'abord, douce, puis plus forte presque douloureuse avant de se relacher. Nos regards fixés sur ce lien. Nos souffles synchronisés. Tout est enfin figé, un équilibre a été trouvé. Une sensation profonde d'évidence... Un répis trop court, car un recoin de mon esprit se met à tourner. L'alcool, la fatigue, l'emballement constant des choses font enfin leur effet ? Est-ce que je dois rester déconnecté pour me reprendre ? Ou ouvrir un lien vers elle, au risque qu'il soit comme souvent trop empathique ? Un flux unidirectionnel où les émotions vont s'accumuler et me paralyser. Si l'évènement doit avoir une conséquence positive, c'est de me convaincre de faire confiance au moment présent. Ne pas le rejeter, ni le capter avec futilité, mais rester ouvert et tenter de comprendre instinctivement ce qui m'entoure. Alors je me souviendrai de cette soirée comme celle de notre première rencontre. Et la suite ? Profitons simplement de cet instant... Tout ne s'est peut-être emballé que dans mon esprit. Elle ne se souvient sans doute même pas de mon prénom.


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